« Des fois, ça prend du courage. Ça prend du courage pour aller chez les gens, sonner à la porte, leur parler dans la rue... »
rétrospective
Présenté par le Musée McCord, du 4 décembre 2013 au 13 avril 2014, un hommage à la photographe Claire Beaugrand-Champagne : Émouvante vérité, Touching Reality.
« Première femme photographe de presse au Québec, Claire Beaugrand-Champagne est représentative d’une génération de photographes qui, dans les années 1970, se sont donné pour mission d’explorer le milieu social québécois. Travaillant souvent en petits groupes sur des territoires désignés et selon un style documentaire, ils ont marqué une époque dans l’histoire de la photographie au Québec.
Depuis son engagement au journal Le Jour en 1975, Claire Beaugrand-Champagne est restée fidèle aux questions sociales, se concentrant de plus en plus sur les gens de son entourage, jusqu’à en faire aujourd’hui son principal sujet de reportage. Chez elle, photographier est un geste qui participe de la découverte d’une personne et qui souvent marque le début d’une relation durable. De ces moments authentiques et chaleureux surgit le dépassement du quotidien qui nous rassemble et nous émeut.
Ses tirages, de petites dimensions au regard de la tendance actuelle dans l’art contemporain, appellent la proximité et le partage. Ils sont identifiés de façon manuscrite, car il est important pour la photographe que le nom des personnes fasse corps avec l’image. C’est, à son avis, une juste reconnaissance envers ceux qui se sont laissés prendre à son jeu, jusqu’à lui confier des bribes de leur vie.
Les « projets » de Claire Beaugrand-Champagne sont réunis ici, pour la première fois, des premiers aux plus récents. Plusieurs ont reçu l’appui du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Ses photographies, maintes fois exposées partout dans le monde, font partie de plusieurs collections muséales canadiennes. »
“ Claire Beaugrand-Champagne was Quebec’s first female press photographer. She represents a generation of documentary photographers who, in the 1970s, set out to explore the province’s social milieu. Often working in small groups in specific locations, they defined an era in the history of photography in Quebec.
Since her first job with the newspaper Le Jour in 1975, Claire Beaugrand-Champagne has consistently focussed on social issues. More recently, she has turned her lens on people in her immediate environment, who have become her main subjects. Taking photographs is a way for her to discover a person and often marks the start of a lasting relationship. Out of these warm, sincere moments emerges something out of the ordinary that touches us all.
Her prints, which are small in relation to the current trend in contemporary art, evoke proximity and sharing. The handwritten captions make the person’s name an integral part of the image. It is the photographer’s way of properly acknowledging those who have agreed to share a part of their life with her.
This is the first time Claire Beaugrand-Champagne’s “projects,” from the earliest to the most recent, are on display together. Many received funding from the Canada Council for the Arts and the Conseil des arts et des lettres du Québec. Her photographs, frequently exhibited around the world, are part of many Canadian museum collections. ”
revue de presse press review
échos
Admiratrice, comme ses collègues de Disraeli, de Walker Evans et de toute cette photographie sociale, elle n’aura jamais cessé d’être attirée par la vie ordinaire, loin des fla-fla et du vedettariat. Faut-il être surpris que sa carrière ait été une traversée du désert?
Villageois des années 70, artisans montréalais de la fourrure, réfugiés de la mer, religieuses : on sent que la photographe a pris le temps de côtoyer ces gens et de capter une galerie de personnages, familiers ou excentriques, qu'elle ne juge jamais.
Chez elle, il y a un grand thème qui s’exprime, celui de la rencontre des gens. Son regard est fait de générosité, de curiosité, d’ouverture, d’humour et d’une authenticité inébranlable, sans préjugés ni complaisance. Elle essaie de faire ressortir le meilleur de l’être humain.
Elle aime photographier les personnes qui l’entourent. Elle a surtout ce talent unique de rendre l’émotion de la rencontre. Ses photographies constituent un puissant portrait de société, elles sont aussi, et avant toute chose, des portraits d’humanité.
C’est chez les gens ordinaires qu’elle a trouvé son plus bel élan. Un enfant qui enterre son poussin. Un athlète blessé aux Jeux olympiques de 1976 et évacué du Stade olympique. Et ses photos de Disraeli, quand, à 24 ans, elle avait posé toute la population de ce village des Appalaches durant l’été.